samedi 26 mai 2012

Tierradentro


Le 23 mai.
Je suis partie seule à Tierradentro. Le Dimitri s’est révélé être un con fini. Pour la petite histoire, il est venu frapper à ma porte à 2heures du matin pour me demander de faire l’amour. Evidement j’ai refusé, lui disant sur le ton de la plaisanterie que j’étais sage depuis plus de un an, et que mes priorités étaient ailleurs (ce qui est en plus vrai). Il est reparti dans sa chambre un peu gêné (il y a de quoi), me répondant: ‘’on reste potes quand même?’’
‘’Mais bien sûr no soucis Dimitri. Tu as juste tenté ta chance, et je considère que c’est un compliment, mais là je voudrais bien retourner dormir. Allez à demain matin.’’
Sauf que le lendemain matin il m’annonce qu’il a changé d’avis. Il ne viendra pas avec moi car il ne voyage pas avec les filles avec qui il ne peut pas faire l’amour. Je suis restée sidérée quelques secondes, et lui ai rétorqué qu’en agissant comme cela il me manquait singulièrement de respect, et qu’effectivement dans ce cas il valait mieux que l’on se sépare. Les femmes pour lui faisant office apparemment d’un morceau de viande ce n’étais plus un compliment.
‘’absolument pas , me dit il, c’est toi qui a un problème sexuel. Tu es bien la première à refuser’’. et là de rétorquer pour lui clouer le bec:
Je crois que tu as raison, j’aurais sûrement eu un problème sexuel si j’avais accepté tes avances, car cela aurait été de la zoophilie espèce de chien!’’
Et de me dire: ‘’allez sans rancune Valérie tu es juste peut être un peu difficile’’.
‘’Quand on voit ta tronche de gros plein de soupe tout tatoué sur les bras et même sur ton cou, il est facile d’être difficile. Là j’ai été très mauvaise. Mais je pense que cela le méritait. L’affaire est clause, circulez, rien à voir.
J’ai donc fait un trajet de quatre heures dans un mini bus avec que des hommes, et des locaux. Nous étions huit en tout. Et je peux vous garantir qu’ils ont tous été très courtois et respectueux avec moi. La route pour Tierradentro était un chemin de montagne très casse gueule, abimé par les pluies de ces derniers jours. Nous nous sommes enlisé, les hommes sont descendus pour aider le chauffeur, et nous sommes repartis tous avec bonne humeur, de quoi aiguayer  le reste de la route. Arrivés à Inza, un bled au bout du trou du cul du loup (encore un), un des messieurs me dit que Tierradentro est encore à vingt kilomètres. Il me hèle un taxi jeep (il vaut mieux là bas), et dit au chauffeur de prendre soin de moi. Décidément ces colombiens sont vraiment adorables.
Tierradentro, petit bourg au fin fond de la campagne tropicale, encore plus paumé que Inza. C’est ici que l’on a découvert des tombes, qui sont en réalité des petites grottes. Chaque grotte était pour chaque famille, et il arrivait que l’on enterre aussi des gens vivant en guise de sacrifice . Les tombes sont splendides. De très profonds escaliers ’’sculptés’’ dans la roche nous y conduisent, pour ensuite découvrir la grotte toute de couleurs et de dessins vêtue. J’y ai même découvert des peintures représentant des ménorah (chandeliers juifs). Rappelez vous aussi toutes ces étoiles de David ornant les nombreux temples en Inde. Mais aussi des statues,  des poteries de l’époque pré colombienne. Un site à ne pas manquer. Tout simplement splendide. MAIS!!!! Six heures de marche, et ça grimpe me dit le guide du musée du village. Holala, pas glop pour mon genoux… sur le ton de la plaisanterie je lui demande si je ne peux pas prendre un des chevaux qui erre sur les chemins.
‘’Claro segiora’’ tengo un caballo por tu’’
Là J’hallucine. Il est prêt à me refiler un cheval à lui, et  Cela me reviendra à même pas dix euros pour quatre heures de balade dans la montagne. Et seule comme une grande s’il vous plaît! Mattéo et moi devenons très complices au bout de 10 minutes de balade, malgré son refus de traverser une rivière. J’ai donc dû insister sur les flancs. Sinon il était d’une docilité surprenante. Je pouvais lâcher les rennes et prendre des photos, mister continuait peinard son chemin. Quand il ne savait  trop que faire, il s’arrêtait et attendait les ordres. Toutefois sur la dernière heure, Mattéo a refusé de prendre le dernier chemin qui menait à une dernière grotte. J’ai  donc dû insister. Il a abdiqué. Mais si j’avais su je l’aurais écouté. Il savait où cela menait le bougre! Et il est vrai que le chemin était franchement accidenté pour tous les deux. Des descentes embûchées de pierres et de gadoue. Ce  dangereux cocktail nous a obligé à nous concentrer en synergie. Je vous assure nous étions en symbiose. Pas un bruit durant trente minutes. Moi, le dirigeant avec les rennes, et lui, petits pas par petits pas, nous a évité bien des chutes. Nous avons rencontré un Monsieur sur ce chemin, qui me conseilla de le rebrousser car il était impossible par la suite de continuer. Il était déjà fort étonné de nous voir là tous les deux, et  regarda le cheval sous toutes les coutures. Et c’était reparti mon kiki!!! Nous sommes arrivés à bon port en nage mais heureuse, pour lui je ne crois pas. J’ai fait un énorme bisou a mon super guide, lui demandant de ne pas répéter à son maître notre folle escapade. Il ne m’a même pas répondu. Il devait être content de me voir partir. Il a dû se dire: ‘’elle est dinguo celle là de m’avoir baladé là où c’est interdit pour moi’’…. En revanche deux français que j’ai rencontré et avec qui j’ai sympathisé ont fait toute la balade à pied. Ils étaient bien plus courageux. Charline, une jeune fille de 17 ans qui voyage avec son oncle pour quelques mois. Le tonton l’à embarqué avec lui afin de l’aider à guérir d’un problème de santé. Et cela a l’air de fonctionner. Je lui souhaite une guérison totale. Elle est si adorable. Cela m’a rappelé un livre que j’ai lu et beaucoup aimé. ’’le voyage de théo’’. C’est l’histoire d’un jeune garçon qui à l’annonce de sa maladie incurable aux dires des médecins, partira faire un tour du monde des religions avec sa tante. Je ne raconte pas la suite., au cas où vous voudriez le lire. Ma journée  s’est soldée par une belle émotion religieuse. Je partais manger au petit resto du village lorsque j’entendis des chants espagnols. Je me dirigeais vers la petite maison en bois et constatais que c’était une petite église sans Christ, avec ses fidèles chantant des chants espagnols très gais. On aurait dit du gospel, et surprise! Le prêtre était une femme noire. Elle me fît un grand sourire et m’invita à entrer. Je me joignis donc à eux tapant le rythme de mes mains comme eux. C’était très beau et très émouvant de partager ce moment de paix. Puis tout le monde s’est arrêté de chanter, et nous nous sommes tous embrassés. Bon , j’avoue, j’ai versé ma larme. Vous savez, tout au long de ce voyage, j’ai vu tellement de misère, que lorsque je vois dans ce petit village paumé, où règne une telle plénitude, ces personnes qui ont tout ce qu’il faut pour manger boire  dormir, mais aussi de l’amour fraternel, alors oui… j’en chiale…


7 commentaires:

vali a dit…

voilà tout le monde. Deux jours sans internet. Deux jours géniaux! promis photo de ma nouvelle tête bientôt. Mais cela ne se voit pas trop, et en plus j'aime pas. Ha oui, c'est normal je suis difficile...

Anonyme a dit…

Tu m'épates Valérie,tu m'épates encore et tjrs!!!!!Même à ton âge,je n'aurais pas pu faire le 1/3 du quart du huitième de ce que tu fais!!!!Tu es LE CAS,la première que je rencontre ds ma vie déjà longue!!!

Oh le boulet ce Dimitri..mais comment peut-on être aussi lourd!!!quoique ds ma longue vie j'en ai rencontré des bouffons,pas complexés pour 2 sous....Je trouve que tu as même été sympa car moi,s'il m'avait réveillée à 2h du matin pour me faire cette proposition incongrue,je lui aurais volé ds les plumes!!!

Oui justement j'étais curieuse de voir ta nlle tête...bientôt donc.....

BISOUS d'Ivana.

Sophie a dit…

Incroyables ces photos du bout du monde !!
On a même eu droit au caniche (youpi réincarné, non ?)
Quant aux peintures dans les grottes elles sont tout simplement fabuleuses et semblent bien conservées.
Pour les chandeliers, il semblerait que ce soit plutôt des Hanoukia (9 branches = 1 bougie pour l'allumage et 8 autres pour les jours...) - la Ménorah ne compte que 7 branches. Ne me demande pas plus d'explications, je n'en sais fichtre rien , je sais seulement cette différence et comme je ne suis pas très "branchée", je te laisse faire des recherches ....Plein de bisous à +par mail

vali a dit…

exacte maman c'est bien youpi réincarné. c'est pour cela que je l'ai pris en photo et que je lui ai tapé la causette! quant à la hanoukia tu as aussi raison. Mais j'ai préféré écrire ménorah car tout le monde connait ce mot et non l'autre.quant aux explications je te les donnerai de vive voix! pas besoin de faire de recherches. Les années en internat chez les rabbins m'ont cultivé de ce côté là (rire). Et je suis bien contente d'ailleurs....
Ivana pas de quoi être épatée je t'assure. J'ai juste fait une balade à cheval, c'est tout!!j'ai hâte de te revoir toi aussi tu sais....

martine larané a dit…

voyager à travers toi, voir les pays avec tes yeux, cela aura été un magnifique voyage (bon il n'et pas encore fini) mais je tenais à le dire. Tu auras eu droit à tout question compagnon de route...que les mecs sont c... Dès qu'on dit non c'est parce que c'est NOUS qui avons un problème..il est vrai qu'eux ils ne font fonctionner que leur deuxième cerveau (celui entre leurs jambes) et ma foi, ce n'est pas une réussite la plupart du temps...et je rejoins Ivana quand elle dit que tu as été sympa car, moi aussi, être réveillé à 2h du mat. j'aurais pas aimé du tout.
PS : au cas où il y aurait des hommes qui lisent les commentaires, je rectifie, ils ne sont pas tous comme Dimitri ou le boulet mais bon...

fred a dit…

Encore une fois, ton récit m'embarque dans un voyage où se mêlent les émotions les plus variées. Je t'imagine très bien sur ton cheval de guide (tu racontes avec beaucoup d'humour cet épisode)... Et à la fin quand tu communies avec ces gens dans l'église et que la prêtresse noire te fait un grand sourire pour t'inviter à te joindre à la liesse, effectivement, je comprends que tu aies pu craquer émotionnellement. Ce sont des moments forts et inoubliables que tu vis là, loin de ton pays, loin des tiens, mais reliée à eux tout de même par la magie d'internet.
Tu sais, ton voyage me fait penser à un beau livre de Jack Kerouach, Sur la route, où il raconte ses pérégrinations de beatnicks, ses voyages sur la route au gré des rencontres insolites et fraternelles, où il traduit ce sentiment de liberté irrépressible d'une jeunesse en quête de vérité... Un film va sortir au cinéma, une adaptation de ce roman, emblème de toute une génération, si tu étais là à Marseille, nous irions le voir ensemble... Tant pis.
Que belle soit la dernière route droite de ton périple !!
Bisous à toi.

vali a dit…

merci Fred pour cette comparaison avec l'écrivain Jack Kerouach, et tant pis pour le film.Tu crois qu'il ne sera plus à l'affiche d'ici le 20 juin? Lolotte j'ai pensé bie à toi sur mon cheval tu sais... je me disais que tu serais ravie de chevaucher dans ce beau paysage, toi qui adore les chevaux.